Le Fonds pour la Consolidation de la paix (PBF) change la vie des populations du Kasaï central avec les projets PAJURR et SS-KAT

28 avril 2022

Habitants de Tshimbulu, bénéficaires des travaux HIMO dans le cadre du Projet PAJURR

« Les résultats des interventions du PNUD dans mon village sont palpables et impactent positivement les conditions de vie de ma population. La paix, la cohésion sociale et le relèvement communautaire sont désormais effectifs à Kamuina Nsapo. Aujourd’hui c’est avec joie et satisfaction que je reçois des délégations venues d’ailleurs pour apprécier la tranquillité et la cohésion qui règnent dans ma contrée. J’affirme que la population de mon village vaque à ses occupations et il n’y a plus de conflit entre nous grâce aux efforts et appuis des autorités nationales et des partenaires internationaux dont le PNUD » souligne le chef coutumier Kasonga Pierre de Kamuina Nsapo. Au village Kamuina Nsapo, Groupement de Bajila Kasanga, Secteur de Dibatayi, Territoire de Dibaya le chef coutumier Kasonga Pierre se réjouit des résultats de l’apport du PNUD dans sa contrée qui désormais renaît de ces cendres après le conflit violent déclenché dans la région du Grand Kasaï à la suite de l’assassinat du Chef Coutumier Jean Pierre Mpandi, le 12 août 2016.  C’est de ce groupement qu’est parti le drame qui a ensanglanté le Kasai faisant des milliers de victimes et déplacé des millions de personnes.

Afin de pacifier la région et assurer un relèvement communautaire, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) est intervenu avec deux projets au Kasaï central en 2018 et 2019 : « Paix, Justice, Réconciliation et Reconstruction au Kasai-Central » (PAJURR-KC) et « Appui aux ex-combattants et communautés dans le cadre des démobilisations spontanées par des initiatives de réinsertion socioéconomique et de justice transitionnelle au Kasaï et dans le Tanganyika en RDC » (SS-KAT). Financés par le Fonds pour la Consolidation de la Paix (PBF) et mis en œuvre conjointement avec le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les droits de l’Homme (BCNUDH), l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et l’ONG Surch For Common Ground (SFCG), ces projets visaient le renforcement de la paix, la justice, la cohésion sociale entre les communautés et d’assurer le relèvement communautaire et la relance économique après le conflit au Kasaï Central.

Le Chef coutumier Kasonga Pierre du village Kamuina Nsapo, Groupement de Bajila Kasanga, Secteur de Dibatayi, Territoire de Dibaya affirme à la presse que la cohésion sociale est effective dans sa contrée

Avec un financement de 3,5 millions de dollars américains, le Projet PAJURR a permis de restaurer la justice dans sa fonction de pacification sociale par la lutte contre l’impunité et le renforcement des capacités de la chaine pénale. Le projet a facilité la redynamisation des échanges commerciaux entre les communautés qui ont contribué à la réintégration socioéconomique des personnes affectées par le conflit. Les activités ont été déployées à Kananga et les Territoires de Kazumba, Dibaya et Lwiza.

Le Projet SS-KAT, financé à hauteur de 6 millions $, a permis de lancer les mécanismes de justice transitionnelle notamment le droit à la vérité, droit à la justice, droit à la réparation et garanties de non-répétition dans les localités ciblées. Cette action a conduit à la revitalisation de l’économie locale et l’amélioration de l’accès des communautés aux services sociaux de base par le développement d’activités génératrices de revenus et la réhabilitation d’infrastructures communautaires prioritaires à savoirs les routes, ponts, écoles, marchés ….

Remise des engins roulants, des fournitures de bureau et mobiliers au Barreau de kananga pour renforcer les capacités opérationnelles et techniques des acteurs judicaires

Un des éléments qui a déclenché la cohésion sociale reste la réhabilitation du pont sur l’axe routier Dibaya-Miabi qui relie désormais les provinces du Kasaï central à celle du Kasaï Oriental. Cet ouvrage favorise les déplacements des personnes dans les deux sens ainsi que des échanges commerciaux permanents. « En 1971 les compagnies bâtisseurs, une branche de l’Eglise catholique, sont arrivées ici afin de réhabiliter le pont, malheureusement les travaux étaient restés inachevés. Dieu merci en 2021, nous avons eu la chance de recevoir le PNUD qui a réhabilité ce pont en trois mois grâce au financement PBF. Aujourd'hui, ce pont facilite les déplacements et le commerce entre la communauté de Kazadi et celle de Dibanda », déclare Kateba Kayembe Crispin, chef coutumier, qui a œuvré comme chef de chantier sur le pont.

Réhabilitation du pont Moyo par l'ONG AIDS sur l’axe routier Dibaya-Miabi

Afin de rapprocher les communautés qui sortaient d’un conflit et menacées par la famine, des appuis en intrants agricoles, un don des chèvres et la réhabilitation des axes routiers ont reconnecté les communautés qui ne s’acceptaient plus à travers des projets communautaires. Des femmes se retrouvent dans des mutuelles de solidarités et cultivent des champs communautaires. Mme Véronique Mukoma Mamba, victime du conflit et bénéficiaire des intrants agricoles ; témoigne : « Nos activités génératrices de revenu marchent très bien grâce à PAJURR, ses interventions ont permis la cohésion sociale et la paix avec nos voisins. Nous circulons librement grâce au pont réhabilité. Nous exerçons aujourd'hui nos petits commerces. La route, le pont réhabilité, les champs, les chèvres ont amélioré sensiblement nos conditions de vie. Nous mangeons à notre faim. Nos enfants étudient et nous pouvons épargner pour d’autres besoins à travers la mutuelle de solidarité. Nous travaillons en équipe pour assurer le développement de notre contrée, » déclare-t-elle.

François Mbala Mukinayi, inspecteur territoriale de développement rural de Dibaya, précise :  « Toute personne qui visite Dibaya réalise que nous avons de tronçon des routes en bon état, le projet PAJURR a désenclavés le territoire concomitamment  avec le projet SS-KAT qui travaille sur  l’axe Kamponde vers Luekeshi où un pont sera jeté sur la rivière Luekeshi ».

Le souhait du Chef coutumier Kasonga et de toutes les autorités coutumières de Dibaya est de voir plusieurs autres partenaires se mobiliser pour renforcer et financer des programmes de développement dans cette contrée touchée par la pauvreté.

Dans le cadre de la restauration de la justice et la lutte contre l’impunité, le projet s’est investit dans le renforcement des capacités techniques et matérielles des structures spécialisées comme la Police nationale congolaise, le Comité local de sécurité et de proximité, l’Auditorat militaire, le Tribunal de grande instance, Barreau de Kasaï Central.

Le président du Tribunal de grande instance de Tshimbulu et le Coordonnateur du barreau de consultation gratuite de Kananga apprécient la présence du PNUD au Kasaï Central. Ils apprécient le renforcement des capacités des avocats, policiers et acteurs de la chaine pénale ainsi que la remise des fournitures, équipements, mobiliers et engins roulants ont permis de rapprocher la justice des justiciables mais également de renforcer l’Etat de droit par le respect des principes fondamentaux des droits humains.

Résultats enregistrés dans le renforcement des capacités techniques des acteurs de la chaine pénale :  

-          25 commandants de police (PNC) recyclés sur les techniques de maintien et rétablissement de l’ordre public et le respect des droits humains ;

-          45 policiers (dont 7 femmes) recyclés sur les techniques de MROP ;

-          44 policiers (dont 10 femmes) recyclés sur la lutte contre les violences sexuelles & VBG ;

-          150 officiers de police judiciaire recyclés sur les droits humains et les violences sexuelles ;

-          44 policiers formateurs des territoires de Luiza et de Kazumba recyclés.

Résultats dans le renforcement des Capacités opérationnelles des acteurs de la chaine pénale

-          1 dotation en outils informatiques et équipements de bureaux à la PNC/ PTS ; à la CNDH ; au BCG/ Barreau du Kasai-central et à la chambre provinciale de discipline des magistrats ( KC),

-          5 kits solaires remis à la Cour d’Appel ; au Parquet Général ; à l’Auditorat Militaire Supérieur ; à la Cour Militaire et au Commissariat Provincial de la PNC Kasai-central.

-          20 motos remises aux commissariats et sous-commissariats PNC des zones d’intervention.

-          3 motos remises au BCG / Barreau et 3 autres à la CNDH pour la mobilité.

Résultats clés dans le renforcement de l’accès à la justice au profit des vulnérables

-          37 prévenus poursuivis et déférés pour des crimes de droit international ainsi que 1 893 victimes (dont 963 femmes) en phase pré-juridictionnelle et juridictionnelle ont bénéficié de l’assistance judiciaire gratuite,

-          329 détenus préventifs, 94 enfants en conflit avec la loi et 129 victimes mineures ont accès à l’assistance judiciaire gratuite.

-          1 dotation d’outils informatiques, d’équipements de bureau et de 4 motos pour faciliter l’ouverture d’antennes du BCG à DIBAYA & à LUIZA

Remise du matériel informatique et fourniture de bureau et de bureau pour renforcer la police scientique de Kananga, dibaya et Luiza

Résultats dans l’amélioration de la lutte contre l’impunité en matière de crimes de droit international

-          1 stratégie provinciale de priorisation des poursuites définie en juillet 2019 et actualisée en mai 2021 (23 dossiers prioritaires planifiés).

-          18 dossiers prioritaires en cours d’instruction :

-           3 missions d’enquête appuyées (Affaire Nganza et Mulombodji, etc);

-          3 dossiers en cours de procès ;

-          2 jugements rendus au premier degré (Affaires Luiza et Kazumba) ;

-          3 dossiers instruits partiellement puis transférés à l’auditorat général à Kinshasa ;

-          1 dossier des Experts de l’ONU instruit à la cour militaire à Kananga ;

-          50 acteurs de la société civile, 40 acteurs gouvernementaux et de 25 journalistes formés sur le processus de justice transitionnelle et ses mécanismes ;

-          465 membres de la société civile et des communautés locales sensibilisées sur le bien-fondé de la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle (Plaidoyer & sensibilisation) ;

-          1 661 victimes (dont 870 femmes) identifiées et auditionnées lors des 3 missions d’enquête de l’Auditorat Militaire Supérieur à Kananga ;

-           5 prévenus condamnés pour crime contre l’humanité et crime de guerre ;

-           232 victimes (dont 93 femmes) ont eu accès à la justice lors des 2 audiences foraines du Tribunal Militaire de Kananga à Luiza & à Kazumba (Kongolo Moji).

Un elèveur bénéficaire d'un don des chèvres pour lancer l'elèvage communautaire

Résultats clés dans la relance et diversification de l’économie locale pour un développement durable

-          34 organisations paysannes d’éleveurs (OPE) mises en place - regroupant 850 membres qui sont issus des communautés et également des coopératives agricoles.

-          1 dotation de 452 chèvres de race Boers en faveur de 17 chèvreries réparties dans les différents territoires (+/- 20 chèvres).

-          10 petites et moyennes entreprises (PME & PMI) agricoles et non agricoles de la province renforcée en capacités de gestion et d’élaboration d’un plan d’affaires.

Résultats clés dans le cadre du renforcement de la culture de la paix dans la province du Kasaï Central

-          30 émissions radiophoniques produites & diffusées sur les thématiques de paix, réconciliation et cohésion sociale sur les 4 radios communautaires sélectionnées ;

-          15 journalistes formés sur les techniques d’informations et pratiques journalistiques sensibles aux conflits ;

-          30 clubs d’écoute composés de 360 membres (12 membres chacun) mis en place pour poursuivre les discussions et les échanges sur les thématiques abordées.  

 Ces projets ont amélioré les conditions des bénéficiaires et ont permis le réveil des communautés pour une auto prise en charge. Avec la clôture du Projet PAJURR, il devient nécessaire d’assurer la pérennisation des interventions et des réalisations en particulier des infrastructures à travers l’engagement des autorités étatiques, coutumières et communautaires pour perpétuer cette dynamique de désenclavement des territoires et de consolidation de la paix.

Clarisse Museme